CHAPITRE 6

Vanessa Sam 15 Mai - 9:04

CHAPITRE 6

- Qu'est -ce que tu lis? Une masse imposante passa le seuil en se penchant.
- Mmh.
- Ah, tu a l'air occuppé, je repasserai bien plus tard, mais j'ai une grande nouvelle à t'annoncer.
- Mh, Mh.
Migar prit une grande inspiration avec un sourire puis se dégonfla comme une baudruche en reconnaissant le livre ouvert sur les genoux de Gerff, assis en tailleur sur son lit. Il regarda autour de lui et vit des bougies pleurantes de cire. Il suivit du regard la fumée des encens et vit la photo du père de Gerff, sa petite fille assise sur un genou, avec de grands sourires. Il comprit le recueillement qu'il venait de perturber et se racla la gorge. Gerff leva enfin la tête. Il semblait sortir d'un long sommeil, il plissa les yeux pour voir Migar essayer de se faire tout petit.
- Mon père avait fait un rêve.
-Ah? La voix fut plus aigue que prévue.
-Assieds-toi. Il jeta un des coussins sur lequel il s'était installé pour lui faire une place.
Migar s'assit avec reconnaissance, puis il poussa un long soupir.
-Tu sais, dans ce livre où il a transcrit toutes ses recherches, il a aussi écrit -je viens seulement de m'en apercevoir- tous les rêves dont il pensait qu'il y avait un sens à découvrir, un mystère à révéler... Et... Hier encore , ces écrits étaient illisibles, comme si on avait renversé de l'eau dessus... Je ...Tiens! Regarde!
-Heu...
-Quoi?
-Benh, je vois rien, moi. Enfin, si, un texte illisible. Il leva les yeux. Tu a dormi cette nuit?
-Beugh...Pas trop. Il se frotta les yeux. Mais, tu voulais me dire quelque chose d'important?
Migar explosa de joie et fit sursauter son ami.
-Je vais être papa!!!
-Que...quoi? Oh!! félicitation! Il lui tappa vigoureusement derrière l'épaule, le rendu le fit tomber de son lit. Il se rassit en feignant de garder sa dignité d'un geste vif du menton et ajouta: C'est Oléa qui va être dans tous ses états!
- Oh, ça ne fera pas de grande différence.
Ils rièrent en coeur.

Le commandant Styldus entra dans la salle de commande principale. Il dit précipitamment :
-Qu' y -a-t-il cette fois?
Il s'impatienta devant l'hésitation de son équipe de pilotage.
-Quoi?
-Nos radars nous indiquent que nous approchons d'une planète, monsieur...
-Et ?
-D'après nos analyses, elle est viable pour nous, et si nous arrivons à destination, ce sera notre nouvelle Terre.
-C'est formidable! Annoncez la nouvelle à tout l'équipage! Que tous se tiennent prêts! Champagne! Téquila! Saké!! Yepee!! Il fit un saut de cabris comme un gamin.
Ils frémirent devant l'éxubérance inhabituelle de leur commandant, puis devant l'expression de son visage qui devint sombre en un battement de cil, lent et douloureux. Il reprit dans un souffle:
-Que chacun se tienne prêt.

-Et, sinon ,c'était quoi ce rêve?
-La rencontre avec une planète. Mélopée.

Tout l'équipage se tenait réuni dans la grande salle dite depuis «de Bal». Chacun dans son meilleur atout, pour faire honneur à la planète qu'ils allaient découvrir et dont le sentiment profond était le réconford d'une seconde mère, une mère d'adoption. Le fébrilement général était palpable. Ce n'était pas eux qui allaient adopter la planète , c'est elle qui allait les adopter. Le hublot s'ouvrit doucement comme une paupière, ils retinrent leur souffle,une multitudes de couleurs dansantes se mirent à vaciller sur leurs visages, dans leurs yeux, dans leur être. Et ils virent.
Pas d'alcool, pas de drogues.
Juste une sensation de bien être intérieur. Juste la musique.
Une planète dont la surface se mouvait en volutes gracieuses. Une planète qui semblait emmitouflée dans un nuage épais et coloré, scintillant de matières plus que millénaires. Les couleurs allaient du violet au doré, du bleu au vert, cela changeait et ondulait. Et cela fit d'abord un chant lointain , comme un air connu et rassurant. Puis ils passèrent tous dans un état second comme ils traversaient l'auréole de la planète. Les sonorité vibrèrent en eux dans chaque fibre de leur être, allant chercher au fond de leur âme le sentiment le plus enfouit. Il se sentirent tous remplit d'un amour profond et s'endormirent. Le chant s'intensifia et se décupla, et, telle une cantatrice qui déploie ses bras, la planète reçut le petit vaisseau des rescapés de la Terre.

Chaque couleur était une sonorité particulière qui s'accordait et se modulait avec les autres. Dans une lenteur et une douceur infinie, immense et merveilleuse. Le chant se mua en une mélodie fine et gracieuse, la mélodie de Mélopée.