CHAPITRE 8

Vanessa Mer 29 Sep - 3:19

Chapitre 8

-Petit cachottier, va! taquina Benata en pinçant la joue du commandant Styldus, à son grand désarroi. « Vous ne m'aviez pas dit que vous jouiez aussi bien! » Vêtue d'une belle robe doublée en mousseline bleu argenté, elle s'était également parée de beaux bijoux ornée de cristaux de pierres de lune et d'ambre.

Il garda sa contenance, réprimant une bouffée de chaleur qui lui montait dans les oreilles. Ils étaient observés par tout l'équipage, dont la partie installé pour l'orchestre, en attente. Elle se retourna vers eux, redressa les épaules, et donna le départ. Le concert improvisé le soir même dura trois heures. Essouflés et endoloris, ils avaient tenus jusqu'à la fin. Frissonants, ils avaient d'abord vu les herbes et le feuillage onduler gracieusement, en suivant le rythme des morceaux. Puis des fleurs s'épanouirent comme les lotus au lever du jour tout autour des musiciens, parfumées, discrètement lumineuses comme des lucioles. Et un grand groupe des habitants de cette terre s'était réuni à coté d'eux. Ils ajoutèrent petit à petit leurs sonorités au concert, lui donnant une dimension magnifique et impressionnante.

Après le succès de cette soirée, le commandant se dit qu'il tenait enfin la solution. Il projeta de refaire plusieurs concerts, pour établir un lien pacifique. Puis il tenterait une sortie d'exploration, les sas des combinaisons s'étant enfin ouverts. Il en était à ses idées quand il s'aperçut que Benata le regardait avec tendresse. Ils s'étaient assis dans l'herbe, seuls, chacun s'en étant retourné. Des étoiles brillaient à travers le dôme de protection.

-Vous en aurez mis du temps, mais finalement vous y êtes arrivé! Dit -elle en riant fort.

-Pour cela aussi j'aurai mis du temps. Il interrompit son rire en l'embrassant fougueusement.

Elle entoura ses bras autour de son cou, pendant que les lumières des fleurs devinrent rose fushia.

Les soirées musicales se suivirent durant les jours suivants. Styldus n'avait pas encore osé franchir la limite du dôme, préférant prendre son mal en patience pour ne pas briser ce fragile contact. L'équipage était serein, tout se déroulait le plus normalement possible.

-Aie!

-Je suis désolée ma chérie, je t'ai poussée ?

-Non.

-Ah, c'est quoi alors? Oh! Ah! Ih! Au secours! Vite! Glapit Migar en se tournant vers le bouton vocal pour appeler l'équipe de l'infirmerie.

-Non! Ne les appelles pas! Je sens que quelque chose ne va pas!

Migar papillonna des yeux en ne comprenant pas cette logique.

-Mais si justement , si ça va pas!

Oléa lui attrappa le bras et lui dit d'un ton sans rétorique possible:

-Conduis moi dehors.

Il s'obtempera promptement.

Ils croisèrent Gerff dans un couloir qui les regarda filer et compris aussitôt. Il crut bon de dire en portant ses mains à coté de sa bouche:

-Migar , l'infirmerie, c'est de l'autre coté!

Le rugissement féminin et félin mélangé à un cri lui cloua le bec. Il s'élança derrère eux, suivit par l'équipe d'infirmiers pris de panique. Ils déboulèrent devant l'entrée du vaisseau, ou Migar était en train de déposer délicatement Oléa au sol. Il dit à Migar :

-Bon sang, mais que fais -tu?

-Je n'y peux rien, c'est elle qui m'a dit... il ne put continuer d'articuler car Oléa lui tenait l'avant bras et était en train de lui broyer avec sa petite main.

Les infirmiers auscultèrent rapidement avec des écrans - scanners et leurs expressions changèrent tristement. Ils s'aprêtaient à lui annoncer quand un chant mélodieux et douloureux sortit de la gorge d'une Mélopéenne différente des autres par des détails subtils et lui conférait une certaine prestance. Le chant s'intensifia, Oléa se domina pour arrêter de rugir et chanter avec elle. L'air changea de ton, se mua vers la gaieté et l'espoir.Le temps sembla se suspendre durant les secondes qui suivirent la fin de la chanson. Puis un hurlement fit sursauter tout le monde. La petite Neyana était née. Migar resta sans voix en prenant sa petite fille et sa femme dans ses bras, il pleurait comme une madeleine.

-Félicitations , elle est aussi belle que sa mère. Dit une voix dans la tête d'Oléa. Malgré la fatigue, elle comprit et répondit aussitôt : « Je ne vous remercierai jamais assez... » « Mélopée est heureuse de cette naissance ».

Neyana souffla sur ses deux petites bougies plantées dans un gâteau gigantesque préparé par son père, sa mère y avait ajouté des fleurs en sucres. Elle sourit jusqu'aux oreilles et tout l'équipage présent applaudit. Pendant que tout le monde était occupé à discuter, elle se faulila « ni vu ni connu » à travers la porte de sortie. Elle se présenta devant la limite du dôme et poussa un petit soupir. Elle savait que c'était interdit de le traverser, pas qu'elle, tout le monde. Styldus n'ayant toujours pas ordonné d'explorations. Elle n'entendit pas sa mère (qui s'était aperçue de son absence) lui dire de revenir. Elle contempla les jolies couleurs qui tournoyait devant elle et tendit les mains. Oléa urla: sa fille venait de traverser le dôme. Elle se jeta à travers le dôme pour rattraper sa fille qui continuer d'avancer et la prit dans ses bras en la serrant fort.

-Je vais bien, maman.

-Rassures -toi, tout va bien. La créature qui l'avait aidée à accoucher avança vers elles. «Mélopée a procédé à des changements dans vos organismes pendant que vous respiriez dans sa bulle protectrice, durant les saisons. Respire profondément, tu vois?»

Oléa respira. Sa fille se mit à rire. Elles s'assirent dans l'herbe tendre. La Mélopéenne glissa une fleur dans les cheveux de chacunes, y comprit d'elle-même et elles « discutèrent ».