CHAPITRE 2

Vanessa Sam 23 Jan - 12:47

CHAPITRE 2

CHAPITRE 2 Styldu10

- C'est fini.

Le commandant détourna les yeux du hublot. Des mèches grises sur ses cheveux blonds, le regard profond comme l'horizon, les années lui avaient donné force et caractère, sans ternir son charme. Il baissa les paupières sur ses yeux verts tendre, qui semblaient comme de jeunes feuilles poussant à travers la neige. Il pencha la tête et son équipage fit de même. Ils étaient suffisamment loin pour ne pas subir les effets des radiations, mais une partie de la lumière entrait tout de même à travers les vitres, éclairant la moitié des corps et des visages en larmes silencieuses. L'autre moitié, dans les ténèbres de l'univers qui les attendait.
Toujours en silence, tout le monde releva la tête et exécuta ses tâches lentement. Tandis qu'ils s' éloignaient de leur Terre-mère en fusion.

Pour ne pas perdre les repères , le vaisseau était programmé pour créer des journées et des nuits artificielles. Bien entendu, sans le chant du coq et tout ce qui va avec. La vie continua ainsi, à bord du Lupus 100. Personne ne savait vers où ils allaient, mais ils savaient tous d'où ils venaient. D'une Terre qui leur avait tout donné et à qui ils avaient tout pris. Pendant des millénaires, chaque regard vers une pâquerette, une rivière limpide, un champ de pissenlits, laissait penser qu'il en serait toujours ainsi... Quelles que soient nos actions. A présent, chaque regard posé laissait place à l'incertain.

- Passe moi le générateur de sel s.t.p.
Migar Dulino tendis la main vers Gerff, qui s'obstinait visiblement à fixer son assiette.
- Non.

Migar leva les yeux au ciel. Il connaissait suffisamment Gerff pour savoir que c'était une boule de nerf intérieure... Et qu'il pouvait exploser à tous moments. Il prit un air goguenard.

- Qu'est ce que t'as? Ton tour d'inspection des ailes cryogénisées t'as mis de mauvaise humeur? T'inquiète pas, tu la reverras ta femme, dès qu'on aura trouvé une planète qui puisse nous accueillir, tu le sais bien!

Le sergent tapa sur l'épaule de son subordonné. Qui explosa de rage en envoyant valser son plateau repas à travers le réfectoire. Tous les regards se tournèrent vers lui.

- Eh benh voilààà! dit Migar en riant de façon narquoise et levant les mains vers le ciel, alors que Gerff venait de saisir le col de son uniforme.
- Et ma fille? Ma Ilina !? Hein? HEIN ?!! Quand la reverrai – je? DIS MOI !!
- Du calme Gerff. Lâche-moi. Et reprends-toi.

La stature (et la patience) de Gerff et de son supérieur allait du simple au double. Gerff était plutôt trappu, tandis que Migar était taillé comme un rocher,métis brun aux cheveux bouclés, avec une barbe... tressée. Tenter de le secouer d'une quelconque manière était aussi dérisoire que son cri de rage dans l'univers.

- Fffffff... De toute façon, on n'y arrivera jamais. Il détendit sa main en tremblant.
Migar souffla en se disant que le pire était passé.
- Qui te dit ça? Rien n'est perdu, tenta d'intervenir le docteur Simi Oléa.

On vit le regard de Migar suivre le chemin entre ceux de Gerff et d'Oléa, puis se préparer comme s'il assistait à un duel de Far West. Tandis que la salle restait pétrifiée.
Grande et élancée, les cheveux raides, longs et noirs de son grand père vietnamien. Elle avait aussi les yeux noirs, purs et courageux de sa grand mère espagnole... Qu'elle fixait sur Gerff sans ciller.

- Pour une parole de la part de la fille de celui qui a fait sauter notre planète, tu peux te la mettre ou je pense. répliqua Gerff.
- Ce n'est pas de ma faute si il a obéi aux ordres. Comme certains... Ni de la mienne si la Terre n'avait plus d'avenir tellement elle était polluée. Elle fit crisser et claquer son ongle sur sa cuillère, comme si elle venait de lui lancer de la purée dans la figure.
- Le but que nous poursuivons n'est pas celui de savoir à qui est la faute de notre situation, et de nos «passagers» cryogénisés.

Le commandant Styldus venait de rentrer dans la cafétéria sous tension. Son regard plus que sa parole avait mis fin au brouhaha général. Il reprit :

- Mais de donner une seconde chance à l'humanité. En tentant de ne pas refaire les mêmes erreurs. Il appuya ses derniers mots en les regardant tous les trois.
Ils opinèrent de la tête modestement.